
Il est important de préserver la biodiversité du Bassin du Congo alors qu’un million d’espèces sont menacées d'extinction sur la planète
La Journée internationale de la biodiversité célébrée, le 22 mai à travers le monde, a été précédée par la publication d’un rapport-choc sur l’Évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques du Groupe intergouvernemental sur la biodiversité et les écosystèmes (IPBES). Ce rapport confirme l’urgence de la situation : au cours des 50 dernières années, les hommes ont détruit la moitié des forêts tropicales du monde, dégradé 40% des terres et permis leur utilisation non durable, ce qui a entraîné un quart des émissions de gaz à effet de serre. Le rapport estime qu’environ 1 million d'espèces animales et végétales sont aujourd'hui menacées d'extinction, notamment au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l'histoire de l’humanité. Alors que la valeur de la diversité biologique et son importance pour les générations présentes et futures ont été mondialement reconnues, certaines activités humaines continuent de réduire le nombre d'espèces vivantes.
Face au dangereux déclin de la nature, la réponse mondiale actuelle est insuffisante. Des changements transformateurs sont nécessaires pour restaurer et protéger la nature. Le PNUD, engagé en faveur de la préservation de la biodiversité, a lancé un appel pour la mise en place d’actions immédiates. Il est impératif d'investir dans une conservation et une restauration sans précédent des forêts, des zones humides, des terres agricoles et des mangroves, afin de garantir l'accès à l'eau, la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance durables. Toutes ces actions sont indispensables pour atteindre les objectifs mondiaux. Les célébrations 2019 de la Journée internationale de la diversité biologique mettent l’accent sur la biodiversité en tant que fondement de notre alimentation et de notre santé et en tant que catalyseur essentiel pour la transformation des systèmes alimentaires et l’amélioration de la santé humaine. La perte de biodiversité est non seulement un problème environnemental, mais aussi un enjeu lié au développement, à l’économie, à la sécurité, à la société et à l’éthique.
L’importance de protéger la biodiversité du Bassin du Congo
Dans ce climat d’urgence pour la biodiversité, le Bassin du Congo représente une opportunité, car les forêts qui le composent font régulièrement face à des taux de destruction et de dégradation relativement faibles, comparativement aux autres régions du monde. La forêt tropicale du Bassin du Congo est un atout essentiel pour la santé de la planète. Ce Bassin est situé dans l’une des trois régions clés de la planète qui régule le transport de l'humidité, les régimes de précipitations et le climat mondial. La région du Bassin du Congo est remarquable en termes de biodiversité parce qu'une grande partie de la faune et de la flore de ses forêts sont endémiques et n'existe nulle part ailleurs sur la terre. La flore dans les forêts de basse altitude est composée de plus de 10 000 espèces de plantes supérieures, dont 3 000 sont endémiques. La flore des forêts afro-montagneuses est composée de seulement 4 000 espèces, mais au moins 70% d'entre elles sont endémiques. En ce qui concerne la faune, le Bassin du Congo continue de soutenir un ensemble complet de méga faune terrestre, y compris les éléphants et les grands singes. Ces forêts abritent des formes forestières de l'éléphant d'Afrique et du buffle, ainsi que des espèces endémiques à l'Afrique telles que l'okapi, le bongo, le bonobo et le gorille des plaines. La faune aviaire comprend le paon endémique du Congo et plusieurs familles endémiques à l'Afrique. Cette richesse unique mérite d’être préservée !
Le PNUD appuyé par la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) sur un financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM/GEF) a mis en place un projet pour soutenir la conservation de la Biodiversité dans les espaces des aires protégées de six pays (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA & RDC) de la sous-région de l’Afrique centrale. En effet, les aires protégées constituent la pierre angulaire de la conservation de la biodiversité dans cette partie du monde. Ces Aires préservent les habitats clés, offrent des refuges, permettent la migration et le déplacement des espèces et assurent le maintien des processus naturels dans l'ensemble des paysages. Les aires protégées garantissent non seulement la préservation et la gestion durable de la biodiversité, mais plus encore, elles assurent aussi le bien-être de l'humanité à travers une meilleure harmonisation des écosystèmes et des êtres vivants.
Le Projet Régional « CBSP – Partenariat pour la conservation de la Biodiversité : financement durable des Aires Protégées du Bassin du Congo – PIMS 3447 » vise à mettre en place des mécanismes de financement durable, en aidant les pays à mobiliser des financements durables à travers les mécanismes appropriés pour renforcer les efforts de conservation de la biodiversité à long terme dans les systèmes d’Aires Protégées du Bassin du Congo. Le projet couvre 63 aires protégées dans ce bassin qui constitue le 2e massif forestier au monde. Ce bassin que partagent les six pays bénéficiaires du projet représente environ 18,5 millions d'hectares et abrite près de 25% des forêts tropicales du monde. Pour une durée de 5 ans, ce projet régional va constituer une initiative pilote pour aider les pays participants à relever le défi du financement durable des systèmes d’Aires Protégées aux niveaux local, national et régional.
Malgré tout, dans le Bassin du Congo, ces aires protégées sont encore en danger et doivent être mieux soutenues. Les menaces immédiates sont nombreuses pour garder ces forêts intactes. Plusieurs pays comptent sur les ressources naturelles pour développer leurs économies nationales, par exemple : le bois, les ressources pétrolières et les ressources minières. Les activités économiques, allant de l'élimination locale des habitats naturels pour l'agriculture jusqu'aux industries extractives à grande échelle et les demandes mondiales de ressources, dégradent directement les écosystèmes naturels. Les politiques économiques constituent l’une des causes profondes de la perte de biodiversité parce qu'elles découragent ou présentent des incitations perverses à des utilisations durables des terres et des ressources.
Avec des financements conséquents et pérennes, une planification, des partenariats et des soutiens adéquats, il est encore possible de sauver ces forêts et leur riche biodiversité et écosystèmes associés, tout en continuant, ensemble, à miser les efforts visant un développement durable axé sur une gestion rationnelle des ressources naturelles dans les secteurs clés y relatifs. Des solutions sont à notre portée, il est cependant nécessaire de renverser la vapeur et à s’engager davantage à tous les niveaux de la société. Une préservation et gestion efficaces de l’ensemble des ressources disponibles dans le Bassin du Congo pourra permettre de diminuer le rythme effrayant de l’extinction des espèces, tout en préservant les espèces endémiques et uniques d’une valeur inestimable dans cette partie du monde. La biodiversité et notre mode de vie dépendant de cette forêt, c’est un joyau à préserver à tout prix !